Depuis mon avortement en 2018, j'ai déconstruit beaucoup d'idées.
Puisque je me sentais seule, j'ai dû aller chercher des réponses dans des livres, des podcasts, des histoires d'autres femmes. C'est comme ça que je suis devenue féministe.
D’ailleurs, féministe n’est pas un gros mot. Mais, on en reparlera dans un autre email.
Grâce à ça, j'ai déconstruit beaucoup d'idées reçues qui me culpabilisaient.
Dans les formats ascension 🏔, je te partage les contenus inspirants. Je source, je résume et je synthétise des pensées. C'est l'endroit où tu vas apprendre énormément.
Aujourd’hui, je te parle de l’horloge biologique
L'horloge biologique n'existe pas
Lorsque je m’approchais de la trentaine, que j’étais toujours célibataire, sans enfant, je pensais souvent à cette horloge.
Objectivement, je ne ressentais rien. J’avais même moins envie de maternité qu’il y a 5 ans. Pourtant, je ne pouvais m’empêcher de penser que le minuteur était lancé.
Bientôt ma réserve d’ovocyte allait décroitre aussi vite que le nombre d’apéros que j’étais capable de faire chaque semaine.
Bref, moins je m’occupais de vouloir me caser plus j’avais l’impression de passer à côté d’une occasion que ne se représenterait jamais 🤯
1 - L'expression a été inventée par un journaliste
Alors qu'on la considère comme une réalité scientifique, le terme "d'horloge biologique" est apparu pour la première fois dans un journal : Washington Post en 1978.
(Source Mona Chollet - Sorcières)
Voici dans quel contexte : "L'horloge biologique tourne pour la femme qui fait carrière".
Autrement dit, les femmes « à carrière » iraient à l'encontre de la nature en négligeant la réduction, puis de la disparition, de la fertilité avec l’âge.
S'en suit un emballement médiatique autour de ce nouveau thème.
L’accès des femmes à la contraception médicale, à des emplois plus valorisés et à une carrière plus continue entrerait en contradiction avec le rythme naturel des femmes.
À ce moment-là, le nombre d'enfants par femme aux États-Unis passe en 3,5 à un peu plus de 1,8.
A l’origine, cette expression n'est qu'une métaphore stylistique inventée par un journaliste.
Le problème c’est qu’elle a été prise comme une description simple et factuelle de la science.
Personne n'a jamais entendu les ovaires d'une femme faire tic tac, et, on attend toujours de voir la radiographie d'un rouage de montre dans notre ventre.
Le cadre est déjà posé pour imposer très tôt l'opposition entre carrière et maternité.
2 - Les preuves scientifiques sont floues
Une statistique ultra-citée dit qu’après 35 ans, un tiers des femmes n’arrivera pas à tomber enceinte au bout d’un an d’essais.
Sauf que, ce chiffre est basé uniquement en France et datant de 1670 à 1830.
On parle donc de données générées à une époque où il n'y avait ni électricité, antibiotiques ni traitement pour l’infertilité.
Si la quantité et la « qualité » des ovocytes diminue avec l’âge, le déclin des chances de grossesse est lui par contre peu ou mal documenté.
The widely cited statistic that one in three women ages 35 to 39 will not be pregnant after a year of trying, for instance, is based on an article published in 2004 in the journal Human Reproduction. Rarely mentioned is the source of the data: French birth records from 1670 to 1830. The chance of remaining childless—30 percent—was also calculated based on historical populations.
3 - La fertilité masculine n'est jamais remise en cause
Enfin, alors qu'on passe notre temps à rappeler aux femmes leur fertilité déclinante, celle des hommes est passée sous silence.
Or, parmi les couples traités pour des problèmes d'infertilités, 40% des causes sont liées aux femmes, 40% aux hommes et 20% sont inexpliquées (Source)
Les causes de l'infertilité sont donc autant liées aux deux sexes. Mais on ne parle jamais de l'horloge masculine.
Pourquoi on devrait arrêter de parler d'horloge biologique
Les conséquences de cette façon de parler de l'horloge biologique se répercutent sur nous des différentes manières.
Il y a cette notion d'avoir perdu du temps si, on a la trentaine et qu'on se sépare de notre conjoint sans avoir eu d'enfant. L'idée qu'il ne nous reste plus beaucoup de temps surgit rapidement.
Nous avons très vite le sentiment de devoir courir après le temps.
On nous incite donc à décider rapidement, y compris lorsque un moment qui n'est pas le meilleur. Jusqu'à peu, il était impossible de faire congeler ses ovocytes sans raison médicale. Il fallait donc choisir à 30 ans si nous voulions des enfants ou pas.
D’ailleurs, c'est au même moment que les meilleures opportunités de carrières se présentent aussi.
Avec l'horloge biologique, les différences entre femmes et hommes ont été exagérées.
L'injonction à la maternité faite aux femmes est ultra-présente et la responsabilité des hommes dans la fonction biologique est totalement effacée.
Comme si, si quelque chose tournait mal, ce serait automatiquement à cause de nous.
L'horloge biologique est avant tout une horloge biologico-sociale
Le terme a été inventé au moment où nous commencions à pénétrer les milieux et les jobs masculins bien payés. Ce n'est pas un hasard.
La menace plane derrière ces mots : si tu n'organises pas bien ta vie, tu finiras seule.
Il y a bien une réalité physique concernant le vieillissement des gamètes.
Mais l'horloge biologique a été largement utilisée et interprétée selon un prisme sexiste. Et, elle contribue à créer une pression sur les femmes autour de la maternité
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J'ai 35 ans et je commence a avoir cettee pression sociale a cause de mes amies.J'essaye de me defaire.