L’écrasante majorité de celles à qui j’en ai parlé l’ont déjà vécu.
Ce moment où l’autre te propose un acte sexuel, dont tu n’as pas envie, mais, tu ne dis pas “non”.
En général, ces situations se finissent de 3 manières :
Soit nous arrivons à trouver le moyen de sortir en douceur. Un prétexte, une blague sympa ou décaler gentiment sa main. Pour ne pas sortir le ”non”.
Le plan 1 a échoué, nous devons prendre les armes. La violence, physique ou verbale se déclenche “maintenant, ça suffit, j’ai dit non !”. Et, l’autre arrête d’insister. On échappe au pire.
Dans le dernier cas, rien ne se passe. Et, nous laissons faire. Jusqu’au bout.
Il n’y a pas de “oui” clair et / ou il n’y a pas de non.
Cette zone, c’est la zone grise.
Parfois, nous ne disons rien alors que nous pensons “non”.
Il y a plusieurs mécanismes psychologiques qui nous mène au silence :
La stupéfaction : le cerveau passe en mode survit. Au lieu de combattre, il se tétanise face au danger.
La peur de la violence : les hommes usent de la violence beaucoup plus facilement que les femmes. Les agressions sont majoritairement commises par des hommes. Dans ce genre de situation, il est possible d’avoir peur et de préférer subir que de risquer d’empirer les choses.
La culpabilité : être allé prendre “un dernier verre chez lui”, par exemple. Apparemment, cette phrase est vue comme un code pour dire “avoir des relations sexuelles”. Or, une fois devant le fait accompli, on peut changer d’avis. Mais, plus vous vous engagez dans la voie initiale, plus c’est difficile psychologiquement de faire marche arrière.
“Je me suis dit qu’il allait insister des heures, alors j’ai préféré me laisser faire.”
Du côté des hommes
À ce jour, seulement 2 hommes m’ont avouée avoir déjà provoqué la zone grise en insistant trop.
Dans un article du monde, Blandine Grosjean recueille des propos d’hommes :
« Ça met mal à l’aise, ton truc. J’ai repensé à deux ou trois nanas avec qui j’ai insisté, même un peu plus que ça, et qui ont fini par se laisser faire. »
Mais cet aveu est arrivé après coup.
Lors d’une première discussion, ce collègue ne comprenait pas le sujet : « Si ce n’est pas sur le viol, c’est sur quoi alors ? »
Il n’y a pas de mots. C’est le problème avec les zones grises.
Ce n’est pas un viol, ni une agression.
Croire que sucer fait partie de l’invitation
La tolérance diminue lorsqu’on comprend ce qui se passe
Je me souviens d’une amie qui me disait “lorsque je n’ai pas envie, tu sais, je le fais et je pense à la république comme on dit”. À l’époque, je n’ai pas réagi.
Aujourd’hui, je bondis.
Une fois qu’on a compris ce qu’était la zone grise, nous sommes capables d’identifier les fois où nous arrivons dedans.
Toutes les fois où j’ai vécu la zone grise, je me sentais mal. Sans savoir pourquoi. La dernière fois que c’est arrivé, j’ai creusé le sujet.
Depuis, j’arrive à détecter le piège.
Mettre un mot sur cette situation, c’est pouvoir la dénoncer. C’est déjà agir.
En réalité, il y a 3 cas :
Le « vrai » viol,
Le « vrai » consentement et
« Le truc entre les deux ».
Accepter “le truc entre les deux” c’est cautionner la culture du viol
Le documentaire à regarder
“Il s’agit d’apprendre aux filles à s’exprimer crânement pour que les garçons soient en mesure de comprendre. Et dire que les filles cool, ce ne sont pas celles qui finissent par céder pour être « sympas ». Ce sont les filles qui font ce qu’elles ont décidé de faire, avec qui est comme elles le veulent.” Blandine Grosjean
Je termine avec le documentaire qui m’a ouvert le yeux sur le sujet. Je n’arrive pas à retrouver la vidéo complète mais voici un extrait ultra-intérréssant.
A demain
Nina :D
Nommer les choses, c'est leur conférer une réalité et "mal nommer, c'est rajouter au malheur du monde". Nommer, c'est extraire de l'invisible et faire naître au monde une proposition, une construction, une représentation.
Cette lettre de toi m'a touchée en plein cœur. Comment agir dans ces situations ? Et surtout, comment sortir du silence ? J'ai 35 ans et jusqu'à aujourd'hui je n'ai pu en parler qu'une fois, avec une femme, de manière fertile et sans tabous.
Merci à toi Nina pour cet acte engagé qui favorise l'auto-émancipation, l'auto-détermination et l'auto-responsabilisation de soi dans sa voix, voie ☀️🕊️💚
Tellement vrai. Je trouve ça vraiment intéressant ce que tu dis sur le fait de nommer les choses : tout à coup, elles ont une existence + concrète et c'est + simple d'en parler. Alors qu'on a tendance à mettre un mouchoir dessus habituellement... avoir les mots, c'est aussi se donner la possibilité d'en parler à nos filles, pour qu'elles puissent éviter ça.