85% des femmes vivent des maux de grossesse. Les 3 premiers mois, elles vivent aussi lâangoisse de la fausse couche.
Pourtant, cette période est passée sous silence. Dans cet email, je te parle du livre de Judith Aquien. Elle lÚve le voile sur la période la plus tabou de la grossesse : le premier trimestre.
La minimisation des maux de grossesse
DĂšs que vous plongez dans lâunivers de la grossesse, câest comme si vous mettiez un masque de bisounours. Le vocabulaire devient instantanĂ©ment enfantin.
On nâattend plus âun enfantâ, ni mĂȘme âun bĂ©bĂ©â, mais âbĂ©bĂ©â
Il en va de mĂȘme lorsquâon parle des symptĂŽmes. Les douleurs sont minimisĂ©es. On parle de petits maux de grossesse.
âProblĂšmes digestifsâ, âtiraillementsâ.
Or, la rĂ©alitĂ© est souvent bien plus violente que tout cela. Seulement 2% des patientes sont touchĂ©es par des nausĂ©es uniquement le matin. Certaines vont jusquâĂ vomir plus de 10 fois par jour.
La rĂ©alitĂ© des 3 premiers mois câest, pour beaucoup de femmes : se lever, vomir, manger un peu, re-vomir, prendre les transports pour aller au travail et subir sa journĂ©e.
Les nausées
Et, comme câest le moment oĂč personne ne doit savoir le-grand-secret, elles sont seules.
59,3% des femmes enceintes qui vivent des nausĂ©es et des vomissements de grossesse nâen ont pas parlĂ© Ă leur mĂ©decin
La plupart des remÚdes proposés sont des recettes de grand-mÚre qui ne fonctionnent pas ou peu.
Comment est-il possible, alors que ce symptĂŽme touche 85% des grossesses que lâensemble des responsables RH ne se soit pas accordĂ© pour proposer un maximum de tĂ©lĂ©travail Ă ces femmesâ?
Jâai parlĂ© Ă une femme qui ne disait que si elle avait eu le choix, elle aurait dĂ©coupĂ© son congĂ© maternitĂ© pour en prendre une partie pendant ce premier trimestre.
La fatigue extrĂȘme
En dĂ©but de grossesse, 75% des femmes se plaignent de troubles de grossesse. Lâafflux de progestĂ©rone crĂ©e un Ă©tat de narcolepsie permanente.
Dans son livre, Judith Aquien raconte quâelle a rencontrĂ© des femmes qui ont fini par faire la sieste dans les toilettes de leur entreprise tellement elles Ă©taient Ă bout.
Le tabou de la fausse couche
1 grossesse sur 5 est interrompue par une fausse couche.
Câest le sujet du deuxiĂšme chapitre du livre. Je ne vais pas tout te spoiler, jâai dĂ©jĂ beaucoup dĂ©taillĂ© le premier chapitre.
Elle parle de la réalité de chiffres et pourtant un silence assourdissant, du protocole de prise en charge défaillant, et, du sentiment de culpabilité et de honte largement entretenu auprÚs de femmes.
Je tâinvite Ă te procurer ce livre.
Pour ma part, jâĂ©crirai un article dĂ©diĂ© Ă la fausse couche que jâai vĂ©cu cet Ă©tĂ©.
Mon retour dâexpĂ©rience
Aujourdâhui, je suis Ă ma neuviĂšme semaine de grossesse. Et, je sors Ă peine dâun tunnel Ă©puisant physiquement et moralement.
Je fais partie de chanceuses qui nâont pas eu de vomissement. Mais, je ne pouvais pas passer plus de 20 minutes sur mon bureau sans avoir la nausĂ©e.
Jâai arrĂȘtĂ© de travailler en plein lancement de mon activitĂ©.
ça explique pour quoi les derniÚres newsletters ont eu un peu de retard :D
Ce qui a Ă©tĂ© le plus libĂ©rateur a Ă©tĂ© de pouvoir lâexpliquer en toute transparence Ă mes clients et mes prestataires. Jâai reçu une vague de comprĂ©hension et ça mâa soulagĂ© du stress de devoir reporter certaines Ă©chĂ©ances.
Ă lâinverse, jâai Ă©tĂ© surprise de la rĂ©action de quelques personnes de mon entourage face Ă lâannonce prĂ©coce.
Je ne respectais pas la rĂšgle des 3 mois sous silence et on me le faisait bien comprendre.
Parmi les rĂ©actions les plus violentes : âoui, mais bon, tu as vu comment ça sâest passĂ© la derniĂšre fois [faisant rĂ©fĂ©rence Ă ma fausse couche] donc on ne sâemballe pas hein !â
Jâai eu le sentiment dâannoncer une demi-bonne nouvelle.
Alors que je me rĂ©jouissais Ă fond, jâai Ă©tĂ© triste de voir que les gens me revoyaient en permanence Ă du nĂ©gatif. Comme si jâĂ©tais inconsciente. MĂȘme si, 2 mois avant, jâavais fait une fausse couche.
Lâinfantilisation Ă son paroxysme.
Je nâai pas voulu entretenir le tabou du premier trimestre de grossesse pour plusieurs raisons :
Ce nâest pas parce que tu contiens ta joie que ta peine sera moins forte ensuite. Personnellement, je prĂ©fĂšre vivre Ă fond le positif comme le nĂ©gatif.
Câest passer sous silence un moment trĂšs compliquĂ© de la grossesse. Ne pas en parler câest perpĂ©tuer le sentiment de solitude que vivent beaucoup de femmes pendant cette pĂ©riode.
Jâai toujours trouvĂ© le jeu de deviner qui est enceinte en regardant si la personne qui boit de lâalcool est particuliĂšrement mal sain.
Je suis convaincue que tout le monde devrait ĂȘtre libre de dire ou de ne pas dire. Sans jugement.
Pour ma part, ne pas aller dans le sens des 3 mois sous silence a été un vraie épreuve.
JâespĂšre que cet article tâa plu.
A la semaine prochaine !
Nina
Je me souviens aussi de cette période... Lorsque nous sommes tombés d accord pour avoir un enfant, je savais que cela pouvait prendre un peu de temps...
Quasiment 5 ans plus tard, aprĂšs moult examens et traitements, le test de grossesse revient positif !
Comment garder ça pour moi aprÚs avoir tant galéré ?
Je l annonce à tout le monde, en plus nous sommes dans la période de Noël, la joie est intense...
Et quelques jours plus tard, 2eme prise de sang : je perds le bébé.
Là , une salve de commentaires des plus désagréables arrive : "ne regrettes-tu pas de l avoir annoncé du coup ? " - "tu aurais dû attendre tu vois..."
J'ai eu la mĂȘme rĂ©ponse pour tous : c'est la meilleure chose que j ai faite. Mon chagrin Ă©tait si immense... Comment aurais-je pu le cacher ? Comme mes proches avaient pu suivre tout ce que j'avais vĂ©cu, ils m'ont soutenue. Ma cheffe m'a mĂ©nagĂ©e.
Je suis finalement tombée enceinte 6mois plus tard. Et je l'ai annoncé à nouveau dÚs le résultat du 1er test.
Vivre Ă fond ses Ă©motions, les partager, c'est l essence mĂȘme de ma vie.
Je n'ai jamais compris pourquoi cacher des Ă©vĂšnements aussi importants Ă ceux que l on aime, et aux autres. Une de mes amies m'a dit que cela apportait le mauvais oeil... Je ne suis pas superstitieuse. Et je crois en la bienveillance de ceux qui m entourent.
Et, ensuite, je ne me suis pas gĂȘnĂ©e non plus pour dire Ă quel point j ai dĂ©testĂ© ĂȘtre enceinte... Fatigue, hĂ©morroĂŻdes, nausĂ©es, remontĂ©es gastriques, insomnies... Comment dire que c'est un moment "merveilleux"? Et je ne parle pas des suites de couches, l Ă©pisiotomie, le bĂ©bĂ© accrochĂ© au sein qui te handicape dans tous tes mouvements, le pĂšre Ă cĂŽtĂ© de la plaque, ..
Et je clame aussi haut et fort que mes enfants (oui j' en ai 2 maintenant đ) sont les meilleurs du monde, et je ne regrette rien.